La pollution microplastique, c’est quoi ?
Le plastique est prépondérant dans notre quotidien et est utilisé dans de très nombreux domaines. Pourtant, cette consommation considérable de plastique produit une quantité de déchets difficile à gérer. La pollution causée par ces plastiques prend alors des formes différentes.
Facilement visible par l’Homme, les macroplastiques forment la partie émergée de l’iceberg de la pollution plastique. Entre 4,8 à 12,7 millions de tonnes de ces macroplastiques sont libérés dans les océans chaque année.
La partie immergée de l’iceberg de la pollution plastique est beaucoup moins connue car elle est moins visible. Elle est composée des microplastiques caractérisés par une taille inférieure à 5 millimètres. Chaque année, 1,5 million de tonnes de microplastiques sont libérés dans l’environnement. À titre d’exemple, c’est comme si chaque être humain jetait 43 sachets en plastique dans la nature chaque année. Ces microplastiques ne se dégradent pas mais se fragmentent, principalement à cause des UV.
Et les machines à laver, dans tout ça ?
Les ménages sont responsables de 77% de cette pollution. La principale raison ? Le lavage des textiles synthétiques.
80 milliards de vêtements sont vendus chaque année. Ainsi, 69,7 millions de tonnes de fibres sont consommées annuellement, dont 60% sont de fibres synthétiques. Parmi ces fibres synthétiques, nous pouvons citer le polyester, l’acrylique ou encore les polyamides tel que le nylon.
Depuis 2002, notre consommation de vêtements a augmenté de 60% tandis que leur durée de vie a été divisée par deux. En effet, même si théoriquement, un t-shirt synthétique a une durée de vie de 5 ans, sa durée de vie moyenne dans le monde est de 35 jours.
A chaque lavage en machine (6 kg de textiles avec un cycle d’1h30), c’est jusqu’à 700 000 microplastiques qui sont relargués dans nos eaux usées. C’est pourquoi, le lavage des textiles synthétiques en machine à laver est responsable de 34,8% de la libération de microplastiques, ce qui en fait le principal poste d’émissions de microplastiques dans l’environnement.
Sur les deux autres marches du podium, nous retrouvons l’abrasion des pneumatiques (28%) et les poussières urbaines (24%). Ainsi, chaque année en Europe, entre 18 000 et 46 000 tonnes de fibres textiles sont relarguées dans les océans.
Quel rôle joue nos stations d’épuration ?
En France, la majorité des eaux usées subissent un traitement d’assainissement dans une station d’épuration. Ce processus permet de capter seulement une partie des microplastiques libérés par les machines à laver. La majorité des microplastiques se retrouvent ensuite rejetés dans les cours d’eau et dans les boues de stations d’épuration, utilisées à 75% pour épandage sur les terres agricoles. Aucune réglementation à ce jour n’encadre la gestion des microplastiques par les stations d’épuration, ni la concentration en microplastiques de ces boues.
Pourquoi des microplastiques se libèrent-ils de nos vêtements lors de leur lavage ?
Quelles sont les matières textiles les plus impactantes ?
Tout d’abord, le type de textile utilisé va impacter la quantité d’émissions de microplastiques. Par exemple, lors d’une machine de 6 kg d’une durée de 1h15, l’acrylique arrive en tête (plus 700 000 microplastiques libérés), suivi du polyester (plus de 400 000 microplastiques) et enfin du polycoton, combinaison du coton et du polyester (plus de 300 000 microplastiques).
Quel est l’impact lié aux procédés de fabrication des textiles ?
De nombreux vêtements sont conçus avec une coupe des fibres en surface du textile (lame ou brosse). C’est le cas notamment des polaires. Cependant, ce traitement des surfaces desserre les structures et les fils ce qui va faciliter la libération des microfibres qui vont rester en surface du vêtement pour ensuite être libérés lors du lavage. À titre d’exemple, le lavage d’une polaire qui pèse 400g libère 14 millions de fibres.
D’où s’échappent les microplastiques ?
Quel que soit le textile, 80% des émissions viennent des bords des vêtements. Le type de couture utilisé joue ainsi un rôle important sur ces émissions. C’est d’ailleurs le point de surjet (point exécuté à cheval sur les deux bords de tissu à assembler), technique de couture la plus communément utilisée, qui émet le plus et ce jusqu’à 20 fois plus qu’un bord brut. Cela est principalement dû aux dommages causés par l’aiguillage et le coupage réalisés lors de cette couture. Le type de découpe du textile va également beaucoup jouer sur la libération de microfibres d’un vêtement. En effet, une découpe au ciseau (qui ouvre les fils) peut causer jusqu’à 21 fois plus d’émissions qu’une découpe au laser, qui va faire fondre les bouts de fils et donc limiter leur échappement.
Est-ce dangereux ?
Longtemps supposé inerte, nous savons aujourd’hui le plastique impacte considérablement notre environnement. Le plastique ne se décompose pas, il se fragmente en petite particules qui sont ensuite ingérées par les organismes vivants. Les microplastiques se retrouvent ainsi dans la chaîne alimentaire et donc dans nos assiettes. De plus, des polluants viennent se fixer sur ces microparticules, décuplant les risques sanitaires et environnementaux.
Suffit-il de n’acheter que des fibres naturelles ?
Les textiles naturels (lin, chanvre et laine notamment) sont composés de fibres naturelles biodégradables. Cependant, certains traitements et additifs leur sont souvent ajoutés (colorants, antitache, imperméable, antibactérien, etc.). Ces textiles naturels peuvent contenir jusqu’à 30% de leur masse en additifs chimiques. Les microfibres générées lors du lavage peuvent donc être persistantes dans l’environnement et ne sont donc plus biodégradables. Comme les microplastiques, les microfibres naturelles deviennent donc des vecteurs pour tous types de polluants.
Que pouvons-nous faire ?
Un changement des habitudes de lavage permet de réduire la libération de microfibres dans nos eaux usées. En effet, la façon d’utiliser sa machine à laver influe sur ces émissions.
Une augmentation de la température de lavage provoque plus de dommages aux fibres. Ainsi, à partir de 60°C, les émissions de microplastiques sont bien plus importantes.
En résumé : éviter de laver ses textiles à haute température et favoriser les lavages à 30°C.
La présence de lessive en elle-même augmente les émissions de microfibres. Nous pourrons toutefois noter que la lessive en poudre s’est révélée être responsable de plus d’émissions car elle est plus abrasive. Ceci est dû à la présence d’un composant : la zéolite.
En résumé : favoriser la lessive liquide (maison de préférence : découvrez notre recette zéro déchet) et le bon dosage de celle-ci (suivre les instructions).
Un autre critère important est la quantité d’eau présente dans le tambour de la machine à laver lors du lavage. En effet, plus il va y avoir d’eau, plus la pression hydrostatique sur les textiles va être importante ce qui va libérer plus de microfibres. Les quantités d’eau conséquentes dans le tambour résulte de l’utilisation du programme délicat de la machine à laver. Ce dernier pourrait émettre jusqu’à 800 000 microfibres en plus qu’un cycle classique.
En résumé : éviter les cycles délicats et ne laver que la machine complètement chargée.
Les filtres à microplastiques, la solution de demain ?
La loi AGEC (Anti-Gaspillage et Economie Circulaire) va rendre obligatoire l’intégration de filtres à microplastiques sur tous les lave-linges neufs commercialisés en France à partir du 1er janvier 2025. Des travaux de recherche et développement sont en cours chez les constructeurs d’électroménagers. La question de l’entretien du filtre et la gestion des microplastiques une fois récupérés restent complexes. Encore en développement, il est difficile à ce jour de recommander l’utilisation d’un filtre à microplastiques pour machine à laver aux citoyens.
Les machines à laver ne sont pas les seules responsables des émissions des microfibres dans l’environnement. L’utilisation d’un sèche-linge peut libérer jusqu’à 3,5 fois plus de microplastiques que lors de l’utilisation d’une machine à laver. Dans l’optique de réduire ses émissions de microfibres, il est donc préférable d’étendre son linge pour qu’il sèche.
En plus de tous ces bons réflexes, il faut apprendre à laver moins souvent nos vêtements. Les vêtements n’ont pas toujours besoin d’un lavage après un jour d’utilisation. Nous pouvons également apprendre à éliminer les tâches localement à la main, permettant ainsi d’éviter un passage en machine à laver. En plus d’émettre moins de microplastiques, cela permettra également de faire des économies d’eau, de détergent mais aussi de faire durer les vêtements plus longtemps.
Enfin, l’une des raisons principales des émissions de microfibres dans l’environnement est le nombre de cycles de nettoyage subits par le vêtement. En effet, un vêtement neuf va libérer jusqu’à 12 fois plus de microfibres lors du 1er lavage que lors du 10ème. La solution réside donc dans la sobriété. Il faut apprendre à consommer moins de vêtements et à les faire durer plus longtemps. Nous pouvons privilégier des vêtements de seconde main, qui, en plus d’être économiques, permettent d’éviter les premiers cycles de nettoyage, les plus émetteurs en microfibres.
Finalement, la solution résiderait-elle dans notre volonté de changer nos habitudes, et dans notre aptitude à l’accepter ?
Sources
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